Exposition, livret, présentation publique... La valorisation des projets livre et lecture peut prendre la forme de productions ou restitutions diverses. Celles-ci permettront aux bénéficiaires et aux partenaires d’en garder une trace et de mettre en avant la place de ces projets dans le parcours de réinsertion des personnes placées sous main de justice (PPSMJ).
Pourquoi valoriser ?
La valorisation de certains projets permet de sensibiliser les bénéficiaires, les proches, les professionnel·les de la justice, de la culture et de l’Éducation nationale, les élu·es et l'ensemble de la population à l’importance des projets livre et lecture pour les PPSMJ et au rôle qu’ils peuvent jouer en termes de réinsertion et d’estime de soi.
Elle permet de :
- ouvrir l’établissement ou le service vers l’extérieur, en faisant connaitre les réalisations des PPSMJ auprès de publics divers ;
- renforcer l'estime de soi non seulement des PPSMJ, mais aussi de leurs proches ;
- justifier des financements ;
- donner envie de participer au projet tout au long de sa réalisation ;
- fédérer l’ensemble du personnel de l’établissement ou du service autour du projet ;
- permettre à l'établissement ou au service de contribuer à la production et à la diffusion artistique et culturelle du territoire dans lequel il s’inscrit ;
- susciter d’autres projets.
La valorisation en tant que production doit donner du sens au projet, mais n’est pas indispensable à sa réalisation ni à sa réussite.
Rappel du cadre juridique
Les productions (textes, illustrations, ou encore réalisations plastiques ou audiovisuelles) créées appartiennent à leurs auteurs et autrices et toute valorisation à l’extérieur doit être validée par des documents officiels fournis par les services du ministère de la Justice :
- autorisation de la personne placée sous main de justice justice (signature d’un contrat de cession de droit d’auteur) ;
- autorisation parentale (pour les mineur·es) ;
- autorisation de diffusion à l’extérieur de la direction interrégionale concernée au ministère de la Justice ;
- autorisation des magistrat·es dans certains cas.
Télécharger un modèle d’autorisation de diffusion et publication - cession des droits d’auteur
Il est préférable de recueillir l’autorisation dès la première session, même si aucune valorisation n’est envisagée : la participation des PPSMJ à des projets dans la durée est soumise à de nombreux aléas.
Le respect du droit à l’image, impératif éthique et légal pour toute personne, est encore plus encadré pour les PPSMJ dans la mesure où il est une condition de possibilité de leur droit à l’oubli. Toute démarche de valorisation (par exemple l’utilisation de photos ou de vidéos prises pendant les ateliers avec l’autorisation du ministère de la Justice) devra ainsi respecter certaines contraintes :
- Pour les mineur·es, aucune donnée à caractère personnel ne doit être rendue publique : il est interdit de communiquer leur image, leurs nom et prénom, leur voix, leur lieu d’habitation, les actes qu'ils ou elles ont commis, ainsi que les images et noms des proches ou de la famille, etc.
- La diffusion de l’image ou de la voix d’une personne détenue, majeure comme mineure (par exemple dans la presse), est soumise à la signature par la personne d’un contrat de cession de droit à l’image/voix puis à la validation de l’administration pénitentiaire, dès lors qu’elle est de nature à permettre son identification. Pour les personnes prévenues, c’est l'autorité chargée du dossier de la procédure qui donne l’autorisation.
Télécharger un modèle d’autorisation de diffusion et publication - cession droit à l’image
Télécharger un modèle d’autorisation de diffusion et publication - cession captation de voix
Il existe de nombreuses manières, dont artistiques, de valoriser travaux et personnes en respectant les droits des PPSMJ et leur anonymat.
Comment valoriser ?
La forme de la valorisation est en principe décidée dès la construction du projet dont elle fait partie intégrante, notamment lorsque celui-ci a pour objectif une réalisation autour du livre et de la lecture.
Voici une liste des formes possibles, la pertinence des exemples proposés devant s’apprécier en fonction du contexte de la prise en charge des PPSMJ :
- exposition : au sein de l’établissement mais aussi dans les espaces ouverts au public des partenaires, notamment ceux des bibliothèques de lecture publique ;
- recueil, livret, livre : il est important de prévoir plusieurs exemplaires pour chaque participant∙e afin qu’elle ou il puisse en offrir à ses proches ;
- site internet ;
- film, vidéo ;
- webdocumentaire ;
- radio, podcast. Exemple : le podcast de "Livre comme l’air" réalisé par l’association Lire pour en sortir ;
- présentation publique d’une restitution d’ateliers. Exemples : la présentation de la soirée de restitution La Collection à la Maison de la poésie (Paris) ou la restitution vidéographique de "Récits de détenus", réalisée par ArL Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
- cérémonie de remise de prix publique d’un concours. Exemple : la captation vidéo de la cérémonie de remise des prix du concours d’écriture "Au-delà des lignes" organisé par la Fondation M6 ;
-
forme hybride, par exemple l’édition d’un recueil et sa mise en ligne sur un site. Exemple : les trois recueils d’histoires intitulés "Histoires vraies du dedans" sur le site Histoires vraies de Méditerranée.
Ces temps de valorisation seront d’autant plus visibles s’ils sont intégrés à la programmation culturelle des partenaires.
Voir d’autres exemples de valorisation de projets : sur le site de l’association Lire c’est vivre (qui intervient à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis et au centre de semi-liberté de Corbeil-Essonnes) et sur le site Culture-justice en Normandie.
Quelle que soit la forme prise par la valorisation, il est important de prévoir un moment de présentation publique avec les autres PPSMJ, le personnel de l’établissement ou du service et les proches des participant·es. Lorsqu’une permission de sortir est envisageable, la présence des participant∙es lors de temps forts à l’extérieur est à privilégier.
Le rôle de la médiathèque de l’ENAP
La médiathèque de l’École nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) développe, dans son fonds documentaire, un pôle de conservation et de valorisation des productions réalisées par les personnes détenues dans le cadre d’ateliers socio-culturels en détention.
Ce fonds est disponible au prêt, sous réserve du respect des droits moraux et patrimoniaux attachés aux œuvres.
En complément, la médiathèque publie depuis 2009 la lettre d’information AP’art, à destination de toutes les personnes qui interviennent en milieu carcéral ou qui s’intéressent à la culture en direction des personnes placées sous main de justice.
Tous les porteurs de projets livre et lecture sont invités à déposer auprès de la médiathèque de l’ENAP un exemplaire des travaux réalisés dans ce cadre, que ce soit sous format imprimé ou sous format numérique. Ce dépôt contribue à mettre en valeur l’aboutissement de projets qui ont nécessité un engagement fort de leur part, de celle des partenaires et des bénéficiaires. Il représente également une partie du patrimoine et de l’histoire de la programmation culturelle des services pénitentiaires.
Découvrir le portail de la médiathèque de l’ENAP.
Lire les archives de la lettre AP’art.