Bulles en fureur, une manifestation nationale de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)

Par Nathalie Diot

Le 8 février 2024, la remise des prix de la 31^e édition de Bulles en fureur a eu lieu à Angoulême. José Antunes, conseiller technique à la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse (DIRPJJ) Sud-Ouest, est chargé depuis 2020 du pilotage de cette manifestation destinée à la jeunesse en difficulté, avec Aline Laurenceau de la direction des missions éducatives (DME). Il en explique le principe et les enjeux.

Bulles en fureur est un prix de bande dessinée décerné depuis plus de trente ans par des mineur·es pris·es en charge par les services et établissements de la protection judiciaire de la jeunesse. Cette année, les albums Frères de foot de MX18, Ludovic Danjou et Alessio Zonno (catégorie pré-ados) et En chienneté de Bast (catégorie ados) ont remporté leurs suffrages. La remise des prix de cette 31^e édition s’est tenue le 8 février à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, lors d’une journée qui constitue « le point d’orgue de la manifestation », selon José Antunes. Cette « journée dynamique » est ponctuée de nombreuses animations – ateliers, votes, lectures théâtralisées –, durant laquelle le public participe à la sélection des livres de l’édition suivante. En effet, ce rendez-vous ludique et festif marque l’aboutissement d’un an de lecture, en même temps que le lancement d’une nouvelle aventure.

La BD pour faire découvrir le plaisir de lire

Créé en 1992 par André-Georges Hamon, éducateur, et André Noblet, libraire, le prix Bulles en fureur est porté depuis 2020 par la DIRPJJ Sud-Ouest, en partenariat avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême et la ville d’Angoulême. « Susciter le goût de la lecture, lire, écrire, débattre, développer son esprit critique… amener le public sous-main de justice au plaisir de lire via la bande dessinée : les objectifs de la manifestation sont fondamentaux pour l’intégration des jeunes en difficulté dans la société », observe José Antunes. La manifestation est ouverte en priorité aux jeunes pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et le secteur associatif habilité. Mais elle s’adresse aussi à « toute structure qui a vocation à s’occuper de la jeunesse en difficulté », poursuit-il : « centres sociaux, centres médico-psychologiques, centres éducatifs fermés, quartiers de mineurs, établissements pénitentiaires pour mineur·es, services en milieu ouvert, services d’insertion de la PJJ, maisons d’enfants à caractère social, foyers, classes relais, certains micro-lycées, classes d’adaptation… ».

Accompagner les jeunes et leurs encadrant·es

Chaque année, quelque 600 jeunes participent à l’opération. Agé·es de 13 à 18 ans, ils et elles lisent une sélection de six titres – dans la catégorie pré-ados pour les 13-15 ans ; dans la catégorie ados pour les 15-18 ans – et votent pour celui de leur choix via un bulletin en ligne, disponible sur le site du ministère de la Justice. À leurs côtés, les 200 adultes qui les encadrent, également votants, disposent pour les accompagner dans cette aventure du « Guide du bulleur », édité par le ministère de la Justice. Plusieurs formations ont par ailleurs été créées pour les aider à faire découvrir aux jeunes le plaisir de la lecture. Ainsi, une mallette pédagogique, pensée comme un « support pour faire des ateliers », est mise à leur disposition. En janvier 2024, la Cité de la BD, en partenariat avec la DRAC et l’académie de Poitiers, leur a aussi proposé trois journées de séminaire autour du thème : « Quelles pratiques artistiques et culturelles autour de la bande dessinée ? ».

En effet, au-delà du vote, l’intérêt de Bulles en fureur réside dans sa phase préparatoire et les différentes actions menées autour de la lecture. Ateliers de dessin, réalisation de planches de BD, temps d’échanges sur les thématiques développées dans les histoires, création de jurys parmi les différents groupes de jeunes participant·es… Les possibilités sont nombreuses, et leur mise en œuvre peut être facilitée grâce à des partenariats avec les libraires, bibliothécaires et médiathécaires locaux.

Quand la lecture mène à la création

Bulles en Fureur propose également aux équipes volontaires d’aller encore plus loin, en embarquant leurs jeunes dans le concours des « Jeunes créateurs » financé par le ministère de la Culture. L’objectif est d’amener les adolescent·es à créer une œuvre et à la présenter, le jour de la remise des prix de Bulles en fureur, devant un jury composé de personnalités du monde de la BD et de l’image, de professionnel·les du ministère de la Justice, de représentant·es de la ville d’Angoulême. Les œuvres doivent avoir un lien avec l’une des douze bandes dessinées sélectionnées lors de l’édition en cours, et peuvent prendre différentes formes : bande dessinée, poésie, photographie, sculpture, vidéo, montage multimédia….

Elles sont appréciées en fonction de plusieurs critères : cohérence avec la bande dessinée d’origine, créativité et originalité, esthétique, mise en valeur de l’œuvre par les jeunes. Dans ce cadre, un appel à projets est lancé chaque année de mai à septembre, afin que les structures de la PJJ qui le souhaitent puissent bénéficier de la venue d’un auteur ou d’une autrice en résidence.

Avant cela, dès le mois d’avril, la parution d’un nouveau guide du bulleur marque le lancement de la nouvelle édition du prix (voir calendrier). Avis aux structures intéressées !

En savoir plus sur la manifestation Bulles en fureur sur le site du ministère de la Justice.