Avant de se lancer
Votre projet livre et lecture se dessine, ses objectifs et ses destinataires se profilent ? En préambule à sa réalisation, un tour d’horizon de l’existant, des interlocuteurs et interlocutrices potentiel·les et des moyens à mobiliser s’impose.
Connaître l'établissement ou le service avec lequel on souhaite travailler
Afin d’évaluer la pertinence de son projet et d’augmenter ses chances de réalisation, il est indispensable de rassembler quelques informations sur l’établissement ou le service avec lequel on souhaite travailler, par exemple :
- De quel type de structure s’agit-il ? Maison d’arrêt, centre de détention, structure d’accompagnement vers la sortie (SAS), maison centrale, établissement pénitentiaire pour mineur·es (EPM), centre éducatif fermé (CEF), centre éducatif renforcé (CER), unité éducative d'hébergement collectif (UEHC), unité éducative d'hébergement diversifié (UEHD), unité éducative d'activités de jour (UEAJ)...?
- Quelle est la durée moyenne de prise en charge ?
- Est-ce un bâtiment avec un régime spécifique : SAS, quartiers spécifiques (Respecto…) ?
À noter : certains projets peuvent avoir lieu dans des espaces spécifiques de la détention tels que parloirs, espaces médicaux (service médico-psychologique régional (SMPR) / unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA)), quartiers d’isolement, disciplinaires, ou dans des espaces périphériques à la prison comme les lieux d’accueil (d’attente) des familles.
- Quel est le nombre de places ? Quelle est la population actuelle ?
- Quelle est l’activité de la population présente (cours, formation, travail, autres occupations ?), sa disponibilité, les créneaux facilités où elle peut suivre une activité ?
- De quels espaces puis-je bénéficier pour mon projet ?
Il est également important de savoir :
- quelles sont les contraintes spécifiques : possibilité ou non d’avoir accès à internet, autorisations à demander pour faire entrer du matériel, contrôle à l’entrée, accès à un point d'eau, etc.
- quelles sont les spécificités des personnes auxquelles le projet va s’adresser : composition de l’établissement ou du service mais aussi du groupe concerné (quartier femme/homme, groupes de majeur·es ou mineur·es, groupes mixtes ou non mixtes, part des bénéficiaires non francophones, etc.).
Quelle que soit la composition du groupe de bénéficiaires, il convient de ne pas présumer du rapport que ceux-ci entretiennent à la lecture, qui sera nécessairement variable selon les individus.
De façon générale, il est nécessaire de prendre le temps de bien appréhender le lieu, les espaces et les bénéficiaires potentiel·les. Tout partenariat avec un établissement ou un service du ministère de la Justice se construit dans la durée.
En cas de sollicitation portant sur une demande précise, il convient de s’assurer que celle-ci correspond effectivement à votre champ d’action, et que votre activité est bien adaptée. Si ce n’est pas le cas, il peut être préférable de renoncer à proposer un projet.
Savoir à qui s'adresser… et n'oublier personne
Trouver le bon contact est essentiel. Celui-ci n’étant pas toujours le même selon le territoire, il est conseillé de se référer aux conventions territoriales pour la coordination (pilotage, animation) du protocole Culture-Justice à l’échelle régionale.
Voir les modèles et exemples de conventions dans la rubrique Ressources
Quelques repères pour identifier et contacter les interlocuteurs et interlocutrices des différentes structures, outre la direction :
- Dans les établissements et services pénitentiaires, ce sont les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) qui ont la compétence culturelle. En général, ils organisent, proposent et relaient les actions culturelles. Une personne de l’équipe est souvent référente de la bibliothèque.
Les coordinateurs et coordinatrices d’activités ou de l’action culturelle centralisent les animations proposées et seront vos relais pour votre projet. Il peut également être intéressant de contacter le ou la RLE (responsable local·e d’enseignement) qui organise l’enseignement en lien avec les autres activités (culturelles, sportives…) pour une meilleure complémentarité. - Dans les établissements et services de la protection judiciaire de la jeunesse, il existe des conseiller·ères techniques chargé·es du suivi de l’action culturelle dans les directions territoriales (départements) et éventuellement un·e professionnel·le (éducateur ou éducatrice...) référent·e culture. Les projets sont généralement suivis par un·e professionnel·le (éducateur ou éducatrice...) d’une unité éducative en lien avec sa hiérarchie.
- Dans les bibliothèques de lecture publique, outre la direction des bibliothèques municipale(s), intercommunale ou départementale, les personnes à identifier et contacter peuvent être les responsables de l’action culturelle, des actions hors les murs ou des “publics empêchés ou éloignés”.
- Dans les associations partenaires de l’établissement ou du service, outre le ou la responsable de l’association, les personnes à identifier et contacter peuvent être les responsables des activités culturelles ou socio-culturelles.
Le projet que vous envisagez peut s’appuyer sur les contacts suivants :
- la direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) ;
- la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse (DIRPJJ) : conseiller·ères techniques culture ;
- la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) : conseiller⋅ère livre et lecture ou conseiller⋅ère action territoriale chargé·e du suivi du partenariat culture-justice ;
- la structure portant une mission régionale ou départementale lecture-justice ou culture-justice lorsque cette mission existe ;
- la structure régionale pour le livre : personne chargée des projets lecture-justice, du développement de la lecture, des publics, etc.
qui pourront vous apporter :
- des contacts pertinents et actualisés au sein des établissements et services de l’administration pénitentiaire et de la PJJ ;
- des conseils et accompagnements dans le montage de votre projet ;
- des possibilités de financement, notamment via les appels à projets ou le Centre national du livre ;
- des relais avec les acteurs et actrices du livre et de la lecture intéressé·es par les interventions auprès des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) et ayant une expérience dans ce domaine ;
- des informations sur l’offre culturelle du territoire.
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Se renseigner sur l'offre culturelle existante
- Consulter le projet culturel du service ou de l’établissement lorsque cela est possible.
- Connaître les partenariats et projets en lien avec le livre et la lecture (contes, accès à la lecture, à l’écriture et aux compétences de base, etc.) ou la culture (spectacle vivant, audiovisuel, arts visuels, etc.), les actions déjà menées, les projets en cours, afin de vérifier la pertinence du projet envisagé et les partenariats possibles.
- Identifier le fonctionnement de la bibliothèque de l’établissement ou des bibliothèques partenaires pour mesurer les liens et les complémentarités possibles (utilisation de l’espace, horaires, fonds accessibles…).
Prévoir des moyens humains et financiers
Avant de se lancer, il convient de s’assurer de la faisabilité du projet en termes de moyens humains et financiers, mais aussi de temps, par un premier diagnostic :
- interne : qui intervient, qui est intéressé·e, quel est l'accord à solliciter, quel est le budget mobilisable, etc.
- externe : quel·les sont les partenaires potentiel·les, les financements possibles…
Attention à ne pas arriver avec une temporalité trop courte : le calendrier de la justice n’est pas le même que celui de la culture. Savoir s’adapter et coconstruire prend du temps.
Chaque projet est spécifique et nécessite de s’adapter à un contexte particulier. Attention à ne pas vouloir calquer à tout prix un projet qui se serait bien déroulé ailleurs dans une structure qu’on ne connaît pas encore.
Connaître les dates des demandes de financements de son territoire permet de gagner du temps (appels à projets culture-justice, dossiers DRAC, CNL...).
À noter : les budgets de l’administration pénitentiaire sont en général attribués en début d’année, il faut donc anticiper.