Mettre en œuvre
Une offre de lecture ne peut être envisagée sans un accompagnement, qu'on appellera selon les cas médiation, animation ou action culturelle. Lectures à haute voix, ateliers d'écriture, clubs de lecture, rencontres... cet accompagnement peut prendre de nombreuses formes, à condition de les adapter au contexte.
Quelles interventions ?
Au sein des établissements et services du ministère de la Justice comme ailleurs, l’action culturelle autour du livre et de la lecture se construit de manière privilégiée à partir de la pratique artistique et de la rencontre avec des professionnel·les du livre et de la lecture, dans le cadre d’une programmation d’actions culturelles.
Tous les types d’intervention que vous pratiquez habituellement sont transposables, par exemple :
- conférence ;
- lecture à voix haute ;
- performance ;
- séance de contes ;
- déambulation poétique ;
- séance de slam ;
- prix littéraire ;
- atelier d’écriture ;
- atelier graphique ;
- lecture musicale ;
- rencontre autour d’un métier du livre et de la lecture ;
- atelier d'initiation à la reliure, à la linogravure ;
- fabrication d’un raconte-tapis, etc.
Il convient néanmoins d'adapter ses pratiques au contexte, notamment aux contraintes et règles propres aux établissements et services. Ainsi, les objets connectés n'étant pas autorisés en détention, inutile d'y prévoir une action requérant l'usage d'internet. De même, le respect des règles de confidentialité sur les parcours des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) s’appliquent aux projets culturels : on veillera, dans le cadre d’un projet, à ne pas aborder les faits liés à la prise en charge de la personne. Au-delà, cette distance est nécessaire au confort d’intervention de l’intervenant et au bénéfice que pourront tirer du projet l’ensemble des bénéficiaires. Les personnels de la direction de l'administration pénitentiaire (DAP) ou de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) pourront vous aider dans vos réflexions à ce sujet.
Établir en amont la liste du matériel nécessaire pour mener l’atelier ou l’intervention, et la transmettre au plus tôt à l’établissement ou au service. Certains matériels ne seront peut-être pas autorisés.
Des projets plus ambitieux et de plus longue durée, comme un cycle d’ateliers, une résidence ou un compagnonnage sont particulièrement intéressants pour les bénéficiaires. Ils peuvent et doivent être développés grâce à une solide coconstruction.
Résidence et compagnonnage nécessitent en effet que des temps de participation à la vie de l’établissement ou du service soient organisés et que l’intervenant·e soit extrêmement bien identifié·e par l’ensemble du personnel concerné. Cela demande un important travail de coordination qui doit s’inscrire dans un véritable projet d’établissement.
Se reporter à la rubrique Coconstruire de ce guide.
Quelle que soit la nature de l’action envisagée, certaines bonnes pratiques s’imposent pour garantir son déroulement optimal :
– travailler en amont avec les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) ou la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) permet de prendre connaissance des contraintes liées aux lieux, aux horaires, à la durée de l’intervention et à la disponibilité des personnes. Cette préparation permettra aussi d’anticiper ce qu’il est possible de faire ou non, en fonction du matériel, de l’accès à internet, des possibilités de circulation ;
– malgré tout le soin apporté à la préparation, l’action envisagée pourra rencontrer quelques impondérables, liés à des temps d’attente, à la venue aléatoire de certain·es participant·es, à des départs anticipés : il n’y a pas d’autre choix que de faire preuve de souplesse et d’adaptation ;
– même lorsque la participation à une action autour du livre et de la lecture est obligatoire ou motivée par d’autres raisons que son intérêt personnel (une réduction de peine par exemple), il est important de placer la personne bénéficiaire au cœur du projet et de s’assurer autant que possible de son consentement et de son adhésion.
Où proposer des interventions ?
La plupart du temps, et plus particulièrement en détention, le projet est mené dans une bibliothèque, une salle de classe ou une salle d’activités. Souvent destinées à plusieurs usages, celles-ci peuvent être bruyantes ou ne pas disposer de matériel.
Parfois, des lieux alternatifs sont envisageables, à condition toutefois d’en faire la demande : jardins, cours de promenade, terrains de sport, parloir, salle d’accueil ou d’attente, etc. Un cadre différent peut avoir des conséquences sur le déroulement de l’intervention.
Voir s’il est possible de monter des projets hors les murs (dans des bibliothèques de lecture publique, des librairies, des lieux culturels, etc.).
La rémunération
Si vous avez le statut d’artiste-auteur, vous pouvez vous référer à la page Comment rémunérer un auteur, sur le site de la Fill, réalisée en collaboration avec la Société des gens de lettres (SGDL). S’agissant des tarifs, les recommandations de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse fixent les montants minimums applicables par les structures soutenues par le Centre national du livre.
Renvoyez vos interlocuteurs et interlocutrices vers la rubrique Rémunérer un auteur ou une autrice du guide qui les concerne sur ce site.
Si vous êtes salarié·e d’une structure (librairie, maison d’édition, compagnie, association), c’est à elle de facturer vos services à l’établissement ou au service pénitentiaire concerné.
Si vous êtes indépendant·e, votre intervention doit être rémunérée en honoraires.
Vous pouvez vous référer aux recommandations du ministère de la Culture sur la rémunération et la déclaration des interventions artistiques et culturelles.