Mettre en œuvre : médiation et action culturelle
Une offre de lecture ne peut être envisagée sans un accompagnement, qu'on appellera selon les cas médiation, animation ou action culturelle. Lectures à haute voix, ateliers d'écriture, clubs de lecture, rencontres... cet accompagnement peut prendre de nombreuses formes, à condition de les adapter au contexte.
La médiation
En partant des centres d’intérêt des destinataires, les personnes chargées de la médiation facilitent et enrichissent l'accès aux œuvres.
La médiation impliquant un aspect relationnel fort, il est essentiel que les personnes chargées de ces actions soient :
- formées à la médiation en bibliothèque (respect du libre choix des lecteurs et lectrices, bonne connaissance des collections pour pouvoir répondre à la demande…) ;
- formées à la médiation propre à l’activité menée ;
- sensibilisées à l’environnement des bénéficiaires et aux règles à respecter.
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Quelle que soit la nature de l’action envisagée, certaines bonnes pratiques s’imposent pour garantir son déroulement optimal :
– un travail en amont entre les personnes responsables du projet et les intervenant·es permet que chacun·e connaisse les contraintes liées aux lieux, aux horaires, à la durée de l’intervention et à la disponibilité des personnes. Cette préparation permettra aussi d’anticiper ce qu’il est possible de faire ou non, en fonction du matériel, de l’accès à internet, des possibilités de circulation ;
– même lorsque la participation à une action autour du livre et de la lecture est obligatoire ou motivée par d’autres raisons que son intérêt personnel, il est important de placer le jeune bénéficiaire au cœur du projet et de s’assurer autant que possible de son consentement et de son adhésion.
Les animations et activités autour du livre et de la lecture
Des animations peuvent être menées très régulièrement par les personnes chargées de l’offre de lecture ou les bibliothécaires de lecture publique :
- dans le lieu dédié à la bibliothèque ou à l’espace lecture ;
- dans des salles d’activités de l’établissement ;
- dans des bibliothèques de lecture publique ou d’autres lieux partenaires, lorsque les bénéficiaires peuvent y être conduit·es.
Pour une meilleure implication de tous et toutes, ces actions peuvent être construites avec les personnes placées sous main de justice, leurs proches et le personnel de l'établissement ou du service.
Quelques exemples :
- distribution de poèmes ;
- animation d’un comité de lecture ;
- animation d’un club de lecture ;
- jeux littéraires ;
- siestes littéraires ;
- concours d’écriture ;
- jeux de papiers : origami, pliage, cartonnage, bookArt, bookFace ;
- conception d’un meuble ou d’un espace “Facile à lire”, animation autour des ouvrages ;
- conception et animation d’un espace jeunesse et médiation autour de la lecture entre parents et enfants aux parloirs ;
- conception, réalisation et animation d’une boîte à livres ;
- création de contenu multimédia.
Ces animations peuvent s'appuyer sur des outils itinérants tels que des expositions, des malles thématiques, des kamishibaïs... Ceux-ci sont proposés par les bibliothèques départementales ou d’autres structures, empruntables et utilisables aussi bien par des bibliothécaires pour des animations ponctuelles que par des éducateurs et éducatrices, professeur·es ou enseignant·es pour concevoir des activités autour du livre et de la lecture, ainsi que dans le cadre d’une programmation culturelle.
Exemples d'outils itinérants :
– les outils d’animation de la bibliothèque territoriale de Guyane ;
– les malles thématiques de Normandie Livre & Lecture à destination de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
L'action culturelle : inviter un·e intervenant⋅e
Au sein des établissements et services du ministère de la Justice comme ailleurs, l’action culturelle autour du livre et de la lecture se construit de manière privilégiée à partir de la pratique artistique et de la rencontre avec des professionnel·les du livre et de la lecture.
Dans ce cadre, il est tout autant possible d’inviter un auteur ou une autrice qu’un conteur ou une conteuse, un·e artiste du spectacle vivant, ou un·e autre professionnel·le de la chaîne du livre (libraire, imprimeur ou imprimeuse, éditeur ou éditrice, etc.).
Ces actions gagneront à être construites en partenariat avec des associations, des bibliothèques de lecture publique, des manifestations, des prix littéraires ou des lieux accueillant des artistes en résidence, la structure régionale pour le livre du territoire, etc. Elles pourront ainsi bénéficier d’un cofinancement et d’outils de médiation et de communication supplémentaires.
Parmi les actions culturelles possibles :
- rencontre autour d’une œuvre ;
- conférence ;
- lecture à voix haute ;
- performance ;
- séance de contes ;
- déambulation poétique ;
- séance de slam ;
- exposition autour d’une œuvre, d’un auteur ou d'une autrice, d’un genre ou de travaux réalisés en ateliers ;
- prix littéraire ;
- atelier d’écriture ;
- atelier graphique ;
- lecture musicale ;
- rencontre autour du métier d'éditeur ou de libraire ;
- cours d’illustration, rencontre avec un illustrateur ou une illustratrice, dessinateur ou dessinatrice de BD ;
- atelier manga ;
- atelier d'initiation à la reliure, à la linogravure.
Des projets plus ambitieux et de plus longue durée, comme un cycle d’ateliers, une résidence ou un compagnonnage sont particulièrement intéressants pour les bénéficiaires. Ces projets doivent être élaborés dans le cadre d’une coopération étroite entre les partenaires.
Résidence et compagnonnage nécessitent en effet d’organiser des temps de participation à la vie de l'établissement ou du service et que l’auteur ou l'autrice puisse être extrêmement bien identifié·e par l’ensemble du personnel concerné. Cela demande un important travail de coordination, qui doit s’inscrire dans un véritable projet d’établissement.
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Le guide Comment accueillir un auteur ? (Fill, 2012) détaille les différentes étapes de la venue d’un auteur ou d’une autrice : préparation du projet, mise en œuvre, après-projet.
Comment trouver un·e intervenant⋅e ?
Pour construire son programme d’actions, il est judicieux de profiter de la venue d’un auteur ou d’une autrice sur son territoire à l’invitation d’une structure tierce, a fortiori si l’on dispose d’un budget réduit.
On se renseignera donc sur :
- les manifestations littéraires et salons du livre de sa région ;
- la programmation des bibliothèques de lecture publique, dans laquelle il ne faut pas hésiter à s’inscrire ;
- la programmation des scènes nationales, des théâtres, etc. qui peuvent faire appel à des auteurs ou autrices, à des spectacles en lien avec des œuvres littéraires… ;
- les grandes manifestations du ministère de la Culture : Printemps des poètes, Nuits de la lecture, Partir en livre, Dis-moi dix mots, et d’autres manifestations nationales telles que La Semaine du goût, la Fête de la science, le Mois du film documentaire… qui peuvent permettre d’associer un livre à un atelier cuisine, une exposition, un débat... ;
- la manifestation nationale de la PJJ Bulles en fureur et les résidences d’auteurs de bande dessinée financées dans ce cadre ;
- les appels à projets thématiques annuels de la DAP ;
- les concours d’écriture en détention, par exemple “Au-delà des lignes” ou le concours BD Transmurailles.
Des agendas et calendriers des manifestations littéraires et salons du livre en régions sont publiés par les structures régionales pour le livre.
Certaines d'entre elles, comme l’Agence régionale du livre Provence-Alpes-Côte d’Azur, publient un calendrier annuel des auteurs et autrices en résidence.
Comment rémunérer un·e intervenant⋅e ?
L’intervenant∙e doit être rémunéré∙e pour son intervention. Selon les cas, cette prestation sera facturée de différentes façons.
- Comment rémunérer un auteur ou une autrice ?
Si l’intervenant·e est un auteur ou une autrice, vous devrez peut-être le rémunérer en droits d’auteur. Cette modalité, qui est différente d’un règlement en honoraires, implique de déclarer votre structure en tant que diffuseur sur le site de l’URSSAF artistes-auteurs (il s’agit d’une procédure simple et rapide) et, éventuellement, de verser à cet organisme les cotisations sociales précomptées sur la note de droits d’auteurs (l’équivalent d’une facture) que vous aura transmise l’auteur ou l'autrice. Il vous faudra également verser à l’URSSAF une contribution dite "diffuseur" correspondant à 1,1 % de la rémunération à l’auteur (directement sur le site). La procédure est détaillée sur le site de la Fill.
- Comment rémunérer un·e intervenant·e qui n’est pas auteur ou autrice ?
Si l’intervenant·e est salarié·e d’une structure (librairie, maison d’édition, compagnie, association), c’est à la structure de vous facturer ses services.
Si l’intervenant·e est indépendant·e, il ou elle facturera sa prestation en honoraires.
Vous pouvez dans tous les cas vous référer aux recommandations du ministère de la Culture sur la rémunération et la déclaration des interventions artistiques et culturelles.